gestos gitanos
gestos lascivos
juego grave
juego sagrado
terriblemente fuego
terriblemente tierra
danzas y es la dicha la que danza
la dicha en el fuego
la dicha que estalla en la boca
jugo que desborda del fruto
tus piernas tus caderas tus dedos danzan
tus muñecas tu cuello danzan tu pelvis tus rodillas tu culo
danzan tu corazón danzan tus pies tus tobillos
tus hombros tus pestañas tu sangre
tu falda que me abre el cielo
todo vibra en ti
del espíritu a la punta de los senos
todo en ti en el instante me toca me penetra
esta sed de la que ignoro la fuente
que haces subir a mis labios mis músculos mi cabeza afiebrada
de todo aquello que danza en ti y que eres tú
tus ojos tu sudor
tu olor tus cabellos la humedad de tu sexo
tu sonrisa que desborda mi cara
y me da la certidumbre indecible
efímera de comprender un poco mejor
por qué vivimos sobre esta tierra.
Á RONA
gestes gitans
gestes lascifs
jeu grave
jeu sacré
terriblement feu
terriblement terre
tu danses et c’est la joie qui danse
la joie dans le feu du corps
la joie qui éclate dans la bouche
jus qui déborde du fruit
tes jambes tes hanches tes doigts dansants
tes poignets ton cou dansants ton bassin tes genoux ton cul
dansants ton cœur dansants tes pieds tes chevilles
tes épaules tes cils ton sang
ta jupe qui m’ouvre le ciel
tout vibre en toi
de l’esprit à la pointe des seins
tout en toi dans l’instant me touche me pénètre
cette soif dont j’ignore la source
que tu fais monter à mes lèvres à mes muscles à ma tête fiévreuse
de tout ce qui danse en toi et qui est toi
tes yeux ta sueur
ton odeur tes cheveux ta mouille
ton sourire qui déborde mon visage
et me donne la certitude indicible
éphémère de comprendre un peu mieux
pourquoi on vit sur cette terre
(de Urbaines miniatures, L'Oreille du Loup, París 2007)
A LI QINGZHAO
nosotros también bebemos
los ojos brindando
y es en ella en quien de súbito pienso
el alfiler que resbala de los cabellos en el abrazo
la transpiración ligera que moja su vestido
esta voz frágil en el agua del tiempo
y los rumores guerreros
la fuerza siempre vulnerable de la primavera que uno otea
en lucha con la nieve
el sollozo de las ruedas trazando la fisura sobre el camino que lleva
al éxodo al duelo la sacudida mirada que pende de la amarga nostalgia
una flor que pierde el fulgor de su rojo
como rojo borrado de los labios en la violencia de un beso
acuérdate
en la pérdida en la gloria de las horas robadas
por la intensidad el don de un instante
de una ebriedad, aquella del vino que ella tanto ha amado
y de mucho más que del vino
dame tus ojos
hundámonos juntos como ella canta en esta copa
ese vuelco que nos retarda del paciente abismo
à Li Qingzhao
nous aussi nous buvons
les yeux trinquant
et c’est à elle soudain que je pense
l’épingle qui glisse des cheveux dans l’étreinte
la transpiration légère qui mouille sa robe
cette voix fragile dans l’eau du temps
et les rumeurs guerrières
la force toujours vulnérable du printemps qu’on guette
en lutte avec la neige
le sanglot des roues traçant la fêlure sur le chemin qui mène
à l’exode au deuil le regard qui cahote pendu à l’amère nostalgie
une fleur qui perd le vif de son rouge
comme du rouge effacé des lèvres dans la violence d’un baiser
souviens-toi
à la perte à la gloire des heures volées
pour l’intensité le don d’un instant
d’une ivresse celle du vin qu’elle a tant aimé
et de beaucoup plus que du vin
donne-moi tes yeux
plongeons ensemble comme elle chante dans cette coupe
ce renversement qui nous retarde le gouffre patient
(de La traversée de l'errance/La travesía de la errancia, La Cabra, México, 2010)
Foto de Ulf Andersen |
(Dunkerque, Francia, 1971)
POETA/TRADUCTOR
Traducción de Myriam Montoya
su blog SEULE LA VOIX DEMEURE
para leer sus traducciones en EMMA GUNST
para leer más en PANORAMA CULTURAL
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1 comentario:
jugo y juego
desbordantes!
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